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Présentation du nouveau rapport sur l’Etat de la Liberté de la Presse 2017 au Burkina Faso.
Le CNP-NZ et son partenaire la Deutsche Welle Akademie (DWA) , sont heureux de vous présenter les résultats de l’étude sur l’Etat de la Liberté de la Presse de l’année 2017 au Burkina Faso.
Ces deux partenaires qui estimaient que les études sur l'état de la liberté de presse des années précédentes étaient disparates et ne permettaient pas d’avoir une vue sur l'évolution de l'état de la liberté de presse pendant plusieurs années, ont décidé depuis 2016 de mettre en œuvre une méthode novatrice et durable et qui permet comparaison d’une année à l’autre.
Ainsi, le Panel des Experts nationaux mis en place par le Comité de Pilotage du Centre National de Presse Norbert Zongo (CNP-NZ) a attribué, au titre de l’année 2017, la moyenne de 2,64 sur 4 points à l’Indice de Viabilité des Médias au Burkina Faso, équivalent à l’état de la liberté de la presse dans le pays. Une moyenne qui traduit, selon la méthodologie qui a servi à l’établir, à une «situation assez viable»pour l’exercice de la liberté d’expression et de la presse au cours de la période indiquée. Selon les critères visés, une moyenne comprise entre 0 et 1 point équivaut à une «situation pas viable», entre 1 et 2 à une «situation peu viable» et entre 3 et 4 à une «situation très viable».
En passant de la moyenne de 2,37 en 2016 à 2,64 en 2017, l’état de la liberté de la presse connaît un léger mieux au Burkina Faso. Une amélioration confirmée par le rapport 2017 de Reporters Sans Frontières (RSF) qui l’a classé 41e sur 180 pays dans le monde. Il gagne 1 point par rapport à l’année précédente et se positionne comme le 1er pays de l’Afrique francophone. Il est 5e africain après le Cap-Vert (29e), l’Afrique du Sud (28e), la Namibie (26e) et le Ghana (23e). Il faut souligner que la notation de l’indice de viabilité des médias au Burkina Faso a été réalisée le 31 mars 2018, soit près d’un mois avant la publication du classement mondial de RSF.
Le rapprochement entre les deux résultats démontre une convergence certaine sur les performances du Pays des Hommes intègres en matière de liberté d’expression et de parole, de pluralité des médias, d’indépendance éditoriale, de défense et de préservation de la liberté de la presse. L’appréciation des experts nationaux de 20 membres dont 5 Femmes composés de journalistes, de patrons de presse, de publicitaires, de chercheurs et de défenseurs des droits humains s’est fondée sur six objectifs principaux que sont l’existence de liberté d’expression et de parole, la pratique d’un journalisme professionnel, la diversité des médias et la pluralité de l’information, la gestion des entreprises de presse et le dynamisme des institutions et organisations professionnelles de soutien des journalistes et des médias. Chaque objectif est assorti d’indicateurs dont l’examen permet aux experts d’attribué différentes notes sur la base desquelles est établie la moyenne globale de l’année.
Les objectifs et leury moyennes respectives pour 2017 sont les suivants:
1. Liberté d'expression et de parole: 2.86
2. Journalisme Professionnel: 2.53
3. Diversité des médias et pluralité de l'information: 2.88
4. Gestion des entreprises de presse : 2.20
5. Institutions et organisations professionnelles de soutien: 2.75
Donnant une moyenne globale de 2.64 sur 4, en comparaison avec une moyenne de 2.37 en 2016 et une moyenne de 2.43 en 2015
En vue d’amener les institutions et organisations en charge de la protection et de la préservation de la liberté de la presse à poursuivre leurs efforts pour la réalisation d’une «situation très viable» des médias, le Rapport 2017 a fait des recommandations aux autorités politiques et administratives, aux organisations professionnelles et au Centre National de Presse Norbert Zongo. Le rapport a été réalisé avec le soutien financier de la Deutsche Welle Akademie dont c’est la troisième année consécutive d’appui à une activité aussi déterminante pour la démocratie et pour les professionnels des médias, leurs partenaires.
Le Rapport est suivi d’une étude spécifique intitulée «Radiodiffusions et extrémisme violent : autopsie d’un journalisme assiégé».
Cette étude, questionne les interrelations entre l’extrémisme violent et les radiodiffusions au Burkina Faso. Elle s’appuie sur une enquête qualitative menée en mars et avril 2018 à Djibo, Gorom-Gorom, Titao, Ouahigouya, Dori, Nouna, Dédougou, Fada N’Gourma, Bobo-Dioulasso et Ouagadougou. L’étude a touché 19 radiodiffusions émettant dans ces villes. Elle révèle que l’extrémisme violent ou le terrorisme a une influence directe sur le fonctionnement des radiodiffusions ainsi que sur le travail journalistique, surtout dans les localités où il tend à s’enraciner. L’extrémisme violent constitue une atteinte grave à la jouissance de la liberté d’expression et de la presse. Dans la région du Sahel particulièrement, cette liberté est clouée au pilori, obligeant certains professionnels des médias à la démission ou à la reconversion. La menace de mort y est permanente, la psychose et la peur aussi. Des sources d’information ainsi que des animateurs de radios ont été assassinés.
Des sujets jadis traités à l’antenne des radios communautaires, comme l’éducation, l’extrémisme violent, le mariage précoce, la planification familiale, l’autonomisation des femmes ne le sont plus. Les terroristes imposent une omerta à ces thématiques qu’ils considèrent comme étant contraires à l’idéologie extrémiste. Les horaires de diffusion et les contenus des grilles des programmes ainsi que les modes de collecte et de traitement de l’information se retrouvent, de fait, modifiés. L’impact de l’’extrémisme violent se traduit en outre par un black out sur les reportages de terrain relatifs aux attaques, la suspension du direct sur les émissions interactives et les prêches.
L’extrémisme violent affecte enfin l’économie des médias. Il induit des pertes économiques considérables. La culture professionnelle dominante dans certaines radios est celle d’un journalisme assiégé.
Pendant les attaques terroristes, les journalistes se montrent prudents dans leurs rapports aux sources d’information. A l’exception de quelques cas d’erreurs isolés ou marginaux, les professionnels des médias se fondent, pour la collecte et le traitement de l’information, sur les sources officielles (gouvernementales, judiciaires ou policières), qu’ils considèrent comme des plus crédibles. Ils n’observent, cependant pas, une distance dans la relation des faits, mais deviennent, par moments, des acteurs partie prenante de l’extrémisme violent. Le phénomène terroriste est construit sous le prisme du patriotisme. Le journaliste s’est, dans bien des cas, confondu à l’Homme émotionné. Cela tient au fait que les journalistes ne sont pas formés au journalisme relatif aux conflits et à l’extrémisme violent. Dans certaines radios, aucun dispositif sécuritaire n’est mis en place malgré la peur de représailles qui anime les journalistes. De toutes les dix-neuf radios enquêtées, une seule, basée à Ouagadougou, possède quelques gilets pare-balles.
Mais, malgré l’absence de dispositif sécuritaire, les journalistes restent déterminés dans leur mission d’information des citoyens. Aucune radio n’envisage de mettre la clé sous le paillasson du fait de l’extrémisme violent.
Entre autres recommandations, l’étude propose aux pouvoirs politiques, à l’instance de régulation des médias (le Conseil supérieur de la communication) et aux organisations professionnelles des médias, l’adopter des textes de loi garantissant la sécurité du journaliste sur le terrain des opérations des situations conflictuelles comme celui de l’extrémisme violent ; l’introduire dans les curricula de formation des journalistes, des modules traitant des rapports entre médias, violence et terrorisme ; l’organisation de rencontres d’échanges périodiques réunissant forces de défense et de sécurité, organes de presse et associations islamiques, afin que ces trois entités parlent le même langage et se comprennent mutuellement ; l’élaboration au profit des journalistes d’un manuel sur le journalisme relatif aux conflits et à l’extrémisme violent.
Ce document pourrait présenter l’avantage de fournir aux journalistes un aide-mémoire en matière de sécurité (leur propre sécurité sur le terrain) et de traitement rédactionnel de l’information en contexte de situations violentes et l’organisation des sessions de formation continue au profit des journalistes.
Le rapport est disponible sur commande.
Le CNP-NZ