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CONVENTION DES ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE
POUR L’OBSERVATION DES ELECTIONS (CODEL)*
Conférence de presse à l’occasion de l’installation officielle du Quartier Général de la CODEL pour la veille électorale
Ouagadougou, Hôtel Splendid, Samedi 21 novembre 2020
DECLARATION LIMINAIRE
La CODEL appelle l’ensemble des acteurs à la responsabilité et au strict respect des règles du jeu électoral.
Dans le cadre de son programme de monitoring des élections, la Convention des organisations de la société civile pour l’observation des élections (CODEL) a réalisé plusieurs activités de veille et de plaidoyer en vue de contribuer à des élections transparentes et apaisées en 2020 et 2021. Cette stratégie de monitoring capitalise son expérience réussie de 2015 et s’articule autour du suivi de toutes les séquences du cycle électoral. C’est ainsi que la CODEL a organisé un suivi des opérations d’enrôlement des électeurs et de la campagne électorale sanctionné par des déclarations assorties de recommandations.
La CODEL bénéficie dans ce travail de veille citoyenne de l’appui technique et financier de l’ONG Diakonia à travers un financement des ambassades du Danemark, de la Suisse, de la France et de l’Union européenne. Ce partenariat fécond a permis de mettre à la disposition de la CODEL une équipe technique à travers le consortium One World/Ingénia consulting Inc. constitué d’experts électoraux burkinabè et internationaux. C’est le lieu pour nous de leur réitérer nos sincères remerciements pour leurs appuis multiformes.
Pour les élections couplées du 22 novembre 2020, la CODEL a élaboré une stratégie lui permettant de se prononcer sur la régularité des opérations de vote. La méthodologie adoptée, basée sur le déploiement proportionnel des observateurs, est éprouvée dans plusieurs pays. Cependant, la CODEL ne pourra pas comme en 2015 faire un comptage parallèle et rapide des votes. Une telle approche aurait demandé une toute autre méthodologie qui à l’heure actuelle est rendue impossible. En effet, une partie du territoire ne participant pas au vote du fait de l’insécurité, le tirage de l’échantillon serait faussé. Le dispositif adopté permettra toutefois de suivre activement le déroulement du scrutin afin d’interpeller directement les organes de gestion des élections en vue de la correction des incidents et manquements tout au long de la journée du vote. De manière spécifique, le monitoring permettra :
- de collecter, d’analyser et de diffuser des informations sur le déroulement du scrutin en temps réel afin de garantir la crédibilité, la fiabilité et la transparence du scrutin.
- d’optimiser un système d’alerte précoce le jour du scrutin;
- de dissuader toutes velléité de fraudes par la présence massive des observateurs dans les bureaux de vote ;
- de contribuer à corriger tout dysfonctionnement constaté le jour du scrutin en saisissant les autorités et institutions chargées de l’organisation, de la supervision et de la gestion du processus électoral.
Depuis le début du processus, la CODEL a pu effectuer plusieurs activités d’observation et de monitoring :
- Déploiement de 220 moniteurs de la violence électorale sur l’ensemble du territoire pour suivre et remonter tous les incidents de violence liés à la mise en œuvre du processus électoral, mais également pour apprécier le niveau de tension électorale
- La sensibilisation sur les fake news et la promotion du fact checking en période électorale par la mobilisation et le renforcement de capacités de 10 journalistes et acteurs de la société civile
- La formation et le déploiement de 121 observateurs du processus d’enrôlement des électeurs, sur l’ensemble du territoire national
Pour ce qui s’agit de la phase d’enrôlement, la CODEL a visité 1400 lieux d’enrôlement.
De façon générale l’on peut noter que l’enrôlement s’est déroulé bien malgré quelques difficultés :
- Retard de démarrage dans quelques villages
- Vétusté des kits occasionnant un retard et des dysfonctionnements dans certaines localités
- Faible engouement des citoyens au début du processus
- Défi sécuritaire réel, impactant le déroulement du processus dans certaines zones
- Accès difficile de certains sites d’enrôlement ou des emplacements à polémiques
- Incertitude de certaines personnes déplacées sur leur prise en compte dans le fichier électoral
Concernant le monitoring de la violence, la CODEL a déployé 4 moniteurs dans chacune des 43 provinces, 16 moniteurs à Ouagadougou et 12 à Bobo Dioulasso. Il a été relevé globalement une certaine sérénité et une faible tension électorale malgré quelques incidents remontés :
- Insultes et violence verbale entre militants dans certaines localités
- Violence physique entre militants et intimidation
- Provocation et volonté manifeste de perturber des manifestations par certains militants
- Agression
- Destruction de bien et saccage d’affiches
- Achat de conscience
- Diffamation
Les militants des partis en sont principalement auteurs et victimes en même temps.
Aucun acte de violence électorale basée sur le genre ne nous a été signalé par nos moniteurs.
A la veille de ces élections du 22 novembre, la CODEL est heureuse d’annoncer la mise en place du 19 au 24 novembre 2020 de son Quartier général à l’hôtel Spendid. Placé sous la présidence de Me Halidou Ouédraogo président de la CODEL. Le Quartier Général aura pour mission d’assurer le monitoring des opérations électorales le 22 novembre. Dans cette optique, un dispositif technique a été installé à travers le déploiement des observateurs et le suivi en temps réel des opérations électorales.
La CODEL demeure la plus grande mission d’observation des élections du 22 Novembre 2020 qui va contribuer à la crédibilité de ces élections couplées. Ce sont au total 3800 citoyens mobilisés sur toute l’étendue du territoire qui rendront compte de ces élections aux différentes parties prenantes par le truchement de la CODEL, sur le site www.burkinavote.org et sur les réseaux sociaux à travers le hashtag burkinavote2020. Sur ces espaces, et en temps réel, la société civile sera informée du déroulement du scrutin. Les informations sur l’ouverture du bureau de vote, le déroulement du vote, les procédures de dépouillement et les résultats seront disponibles pour les bureaux de vote sélectionnés par la CODEL.
Les 3800 observateurs seront déployés dans toutes les provinces du pays, à l’exception des zones inaccessibles du fait de l’insécurité. Ces observateurs sont de deux catégories. La première catégorie, forte de 3300 observateurs, aura pour mission de collecter les données sur les scrutins en renseignant des fiches sur le déroulement des opérations électorales. Ces fiches seront analysées après le scrutin par la CODEL.
La seconde catégorie d’observateurs, composée de 500 personnes, aura pour mission de faire remonter instantanément les données au Quartier général de la CODEL. Ces observateurs seront dotés de smartphones et seront suivis par une équipe de veille d’une vingtaine de personnes logée au Quartier Général de la CODEL.
Le Quartier général est principalement composé de deux chambres, la chambre technique et la chambre de décision.
- La chambre technique a pour mission d’assurer la remontée des données avec les 500 observateurs dotés de smartphones, et d’alimenter les analyses de la CODEL sur la qualité des opérations électorales. Cette chambre centralisera également les dispositifs de monitoring en plus de ceux des 500 M-observateurs et des 3300 observateurs classiques : le dispositif de monitoring de la violence et le dispositif de gestion des fake news et du fact checking
- La chambre de décision, composée de membres de la CODEL et des personnes ressources, est chargée de prendre les décisions nécessaires à partir des données collectées. Plus concrètement, elle se chargera de prendre attache avec la CENI pour signaler d’éventuels cas de dysfonctionnement et de publier des communiqués sur le processus électoral.
Ainsi, les procédures d’ouverture, la présence des membres des bureaux de vote, l’heure de démarrage du vote, la sécurité des centres de vote, le secret du vote, le matériel électoral, l’affluence des électeurs, la présence des femmes membres de bureaux de vote, l’assistance des personnes à mobilité réduite, le taux de participation, les procédures de clôture sont autant d’informations qui seront produites et partagées en temps réel.
Le Quartier Général de la CODEL sera accessible à tous les acteurs intéressés par notre travail de monitoring. Les membres du gouvernement, la CENI, les autorités judiciaires, les institutions, les médias, les diplomates, les observateurs domestiques et internationaux, les organisations de la société civile, les partis politiques et groupements d’indépendants, les candidats pourront ainsi visiter le Quartier Général le 22 novembre aux heures de leur choix.
La CODEL combine l’observation classique avec les 3300 observateurs et l’observation moderne avec les 500 observateurs dotés de smartphones. Sur la base des données recueillies par l’ensemble des 3800 observateurs, la CODEL élaborera et publiera un rapport général sur le processus électoral au plus tard deux semaines après les élections.
A la veille de ce double scrutin qui se tient dans un contexte de crise sanitaire et sécuritaire sans précédent, la CODEL appelle l’ensemble des acteurs à la responsabilité et au strict respect des règles du jeu électoral. Elle les félicite pour leur contribution dans le succès des étapes passées, notamment l’adoption du code électoral, les opérations d’enrôlement et la campagne électorale.
Plus spécifiquement, la CODEL exhorte :
- Les citoyens résidant au Burkina et ceux de la diaspora à accomplir leurs devoirs civiques dans la sérénité et le respect du code électoral ;
- Les candidats, partis politiques et groupements d’indépendants à recourir aux voies légales en cas de contestation des résultats, et à bannir la violence verbale ou physique ;
- La CENI au strict respect du code électoral à travers l’impartialité, la concertation et le professionnalisme ;
- Le gouvernement à mettre tout en œuvre pour jouer sa partition notamment en sécurisant l’ensemble des opérations électorales ;
- Les médias et les utilisateurs de réseaux sociaux à informer juste et vrai sur le processus électoral et politique, à éviter la propagation de fausses informations et des discours de haine;
- Les autorités judiciaires à la stricte neutralité de sa mission de supervision des élections et de gestion du contentieux ;
- Les partenaires internationaux à continuer d’accompagner le Burkina Faso dans sa quête d’une démocratie consolidée et apaisée.
Fait à Ouagadougou, le 21/11/2020
Le Président de la CODEL